Jonas Leclere

« Très vite dans ma vie il a été trop tard ; à dix-huit ans il était déjà trop tard. » - De Marguerite Duras - Extrait de L'Amant

AC’est Tout… est la rencontre de deux artistes, Jonas Leclere, sangleur, 24 ans et Fabienne Donnio, danseuse, 40 ans. Un homme et une femme, qui, nourris de leur relation, ont souhaité collaborer et partager, sur le plateau, leurs disciplines.

Un espace épuré : un sol nu, trois jeux de sangles suspendus, deux corps sculptés par les sangles et la danse. 
Seulement deux corps dont l’expression, la pensée, sont le prolongement de ce qu’ils font. 

Haut vol, lancé, élancé, soufflé, insufflé par l’hélium des sentiments, deux bouches, qui, rarement n’expirent, rarement ne soufflent pour inspirer. Il suffira d’une inspiration pendant la chute, pour qu’en continu, se décolle la plèvre, la gorge déployée. 

Au ralenti, dans son expiration, la relation se défait, l’amour ère sans but, sans directions apparentes, une union qui se décharne, se désincarne, se disloque, se désosse… 

Inspirée des derniers mots de Marguerite Duras recueillis par Yann Andréa Steiner, cette proposition scénique vient questionner la relation entre un homme et une femme d’âges différents, unis par leur passion. Axe majeur de la dramaturgie, ce soutien littéraire viendra nourrir le propos, alimenter le jeu des tensions sur scène, valoriser l’échange dans l’engagement  physique de chacun. L’un reste et l’autre s’en va. 

La question du mouvement et de l’espace se pense ici en suspension, en 3 dimensions. Une proposition chorégraphique en volume, en dessus dessous, sans sens apparent. Une autorisation au rêve, à l’impossible, à une certaine poésie, brutale et douce…

La proximité des corps se joue ici à différents niveaux. Au sol comme en plein vol, l’idée de tension, de fil conducteur toujours actif, doit pouvoir se matérialiser aussi bien par la forme, que par une scénographie d’espaces et de volumes. 

Le sol, les murs, le grill d’un théâtre doivent devenir des supports, des planchers potentiels pour accueillir le mouvement.  Chaque côté de « ce cube » peut être le bas ou le haut, les cotés droit ou gauche. Une odyssée à la Stanley Kubrick à la fois douce et dangereuse révélant le fruit de cette relation atypique, « extra terrestre »